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L’EAC, une opportunité pour l’économie burundaise.

La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est est formée de 7 Etats souverains : le Burundi, le Kenya, l’Ouganda, la République Démocratique du Congo, le Rwanda, le Soudan du Sud et la Tanzanie. Les chefs d’État de l’EAC se succèdent régulièrement au poste de la présidence de l’EAC pour un mandat d’un an. Au cours du sommet des chefs d’Etat tenu en date du 22/07/2022 à Arusha, le Burundi prend la relève après le Kenya. C’est le Président du Burundi S.E Evariste Ndayishimiye qui va présider la communauté. Son engagement est d’œuvrer pour une meilleure intégration à travers la promotion de la libre circulation des personnes et des biens.

 Les 7 pays regroupés ensemble occupent un territoire d’une superficie de plus de 4.8 millions de km2 avec une population totale de plus de 300 millions d’habitants avec 22% de population urbaine. Au niveau macroéconomique les 7 Etats ont un PIB de plus de 600 milliards avec un revenu moyen par habitant de plus de 3000 USD. Le PIB nominal s’équivaut à plus de 240 milliards d’USD avec un revenu par tête de plus de 1100 USD[1].

 L’EAC a déjà entamé la mise en place d’une politique d’intégration régionale visant à favoriser le mouvement des biens et de personnes et songe déjà à une intégration monétaire régionale et à la formation d’une fédération des Etats membres.

Les grandes orientations déjà mises en application pour accélérer l’intégration des États membres sont entre autres : le passeport unique, la libre circulation des personnes et des biens, la taxe unique sur les importations et exportations, ajustement du début des années budgétaires et le régime sans visa des ressortissants des États membres. L’EAC constitue donc un vaste marché interne d’écoulement et de consommation des produits entre les États membres.

Au Burundi, tous les secteurs économiques sont presque vierges au regard de l’intégration au sein de l’EAC. L’amélioration de la stratégie pour attirer les investisseurs étrangers devrait continuer à l’exemple de l’agence de développement du Burundi (ADB en sigle). Le Burundi présente plusieurs atouts mais doit relever quelques défis pour défendre sa position stratégique au sein de l’EAC. Le Burundi est géographiquement situé au centre de cette communauté. Les voies de communications terrestres reliant le Burundi aux pays limitrophes sont faites de routes qui ne remplissent pas les normes de routes régionales ce qui ralentit le mouvement des biens et des personnes par voie terrestre et prive le Burundi de l’accès aux certains avantages dont dispose le marché interne de l’EAC. 

Cette situation influe entre autres sur le coût et la possibilité de transport des minerais qui sont les principaux facteurs qui attirent les investisseurs étrangers dans le secteur minier. En effet la plupart des pays africains font face au manque d’expertise pour transformer sur place leurs ressources minières.  

Dans cette optique, la construction d’un chemin de fer reliant le BURUNDI, la République Démocratique du Congo et la Tanzanie, un projet déjà en cours dans ces 3 pays désenclavera le Burundi et lèvera cette problématique de voies de communication. Elle facilitera ainsi l’exploitation des minerais du sous-sol burundais, le transport des biens et services au profit du Burundi.

De plus, l’exploitation de la voie maritime passant par le Lac Tanganyika et l’élargissement du port de Bujumbura serait aussi un autre projet avantageux étant donné que ce lac géant mais sous exploité est partagé par le Burundi, la République Démocratique Congo et la Tanzanie, pays membres de cette communauté. Le gouvernement devrait songer à l’amélioration des voies de communications internes qui servent de liaison avec les autres pays et les adapter aux normes régionales et internationales pour le passage rapide des marchandises et des personnes.

L’augmentation, la qualité et   la diversification de la production locale constituent un volet économique important. Au Burundi, les exportations sont essentiellement constituées de café et de thé. L’accroissement des exportations et leur diversification permettraient au Burundi de profiter plus du marché interne de l’EAC et d’augmenter le volume de devises entrant dans l’économie interne.

L’augmentation de la production agro-pastorale servirait de point de départ.  Ceci suppose la modernisation de l’élevage et de l’agriculture par utilisation des semences améliorées, mécanisation de l’agriculture sur des terrains vastes et production de masse. L’État devrait donc encourager les investissements publics et privés, locaux et internationaux dans le domaine agro-pastoral afin de créer des grandes fermes et entreprises agricoles modernes.

Les industries de production notamment d’engrais chimique, du sucre, de ciment et de boissons existent au Burundi et leurs produits sont beaucoup appréciés tant par la population burundaise que par celle des pays voisins. La production de ces dernières mérite d’être intensifiée afin de parvenir à satisfaire la demande interne et externe. Ici on peut citer l’exemple de l’entreprise de production d’engrais organo-minéraux de qualité FOMI qui a déjà conquis le marché régional en ouvrant ses branches de production en République unie de Tanzanie.

Une ressource abondante et stratégique dont dispose le Burundi mais moins exploitée est l’eau. L’eau burundaise est réputée pour sa propreté et sa bonne qualité. L’industrie de traitement d’eau produit des quantités insuffisantes pour la demande externe alors qu’elle pourrait s’implanter dans les autres pays membres de l’EAC et apporter un surplus à l’économie nationale. Les entreprises locales devraient augmenter massivement leur production surtout celle destinée à l’exportation.

Les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont un autre aspect avantageux qui peut jouer un rôle important dans l’amélioration du commerce régional et l’intégration du Burundi dans l’EAC. L’application stratégique des TIC dans le secteur de l’agriculture, de la santé, de l’éducation et du commerce peut permettre une croissance économique rapide et une amélioration du bien-être de la population. Il est donc nécessaire de construire une industrie des TIC compétitive pour favoriser l’innovation, la création d’emplois et le potentiel d’exportation des entreprises burundaises.

Le tourisme est un secteur moins développé au Burundi et pourtant le pays a beaucoup de lieux touristiques et une culture intéressante. Leur valorisation procurerait plus de devises au Burundi. Le gouvernement du Burundi devrait aménager régulièrement les sites touristiques déjà existants et créer de nouveaux lieux touristiques. La mobilisation du secteur privé dans ce domaine serait un atout.

En définitive, des opportunités au sein de l’EAC pour le développement de l’économie burundaise sont évidentes. Toutefois des stratégies doivent être prises par le Burundi, pays situé au carrefour des pays membres de l’EAC, pour tirer plus de profits de ce partenariat. Soulignons que l’émergence économique d’un pays instable au niveau sécuritaire est presque impossible. Pour y parvenir, le Burundi doit donc continuer à consolider sa sécurité et sa stabilité politique comme entrepris depuis 2005.

Les idées exprimées dans cet article sont personnelles et n’engagent que les auteurs.

Dr HACIMANA Helmenegilde

Dr NTAHONTUYE Ladislas

[1] https://www.eac.int/overview-of-eac

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