Sacrifice ultime pour la démocratie au Burundi
Chaque année, le parti CNDD-FDD célèbre la semaine dédiée aux héros de la lutte pour la paix et la démocratie au Burundi. La démocratie peut se définir comme un régime politique qui encourage et permet la participation active du peuple dans la vie politique en commençant par le choix des dirigeants selon les désirs et aspirations du peuple. La démocratie telle que définie semble être une base de gouvernance qui devrait rassembler tout peuple. Elle est par ailleurs présentement le régime le plus soutenu dans le monde. Ainsi, il n’est pas rare de trouver le mot «démocratie/démocratique» un peu partout dans des noms des partis politiques voire même des pays.
De même, le Burundi n’a pas non plus hésité à faire son pas vers la démocratie afin que le pays soit dirigé selon la volonté du peuple. Certes, les premières élections démocratiques furent celles du 18 septembre 1961 qui opposaient d’une part les partisans de l’indépendance immédiate avec le parti UPRONA (Union pour le Progrès National ) à la tête et d’autre part les partisans de l’indépendance tardive, avec comme chef de file le PDC ( le Parti Démocratique Chrétien) travaillant sous l’ombre du régime colonial Belge.
L’UPRONA remporte les élections. Le leader de l’UPRONA, le Prince Louis Rwagasore sera investi premier ministre le 28 septembre 1961. Il sera malheureusement assassiné deux semaines plus tard.
Dès lors, une instabilité politique avec une série de coup d’état s’installera et fera des centaines de milliers de morts et réfugiés jusqu’en1993. En termes de crimes, le pire épisode qu’a connu le Burundi est celui du génocide orchestré contre les Hutus en 1972 (https://www.assemblee.bi/spip.php?article2452) sous la présidence de Michel Micombero ainsi que la répression non sélective de toute voix discordante.
Dans un contexte politique particulièrement tendu, le pays étant déchiré par des haines ethniques, régionales et à la fois pris en otage par un régime des putschistes qui tentaient déjà à se faire passer pour des démocrates, la carte du changement se glisse dans le jeu.
Au cours des élections démocratiques de 1993, le candidat Melchior Ndadaye du parti FRODEBU (le Front pour la Démocratie au Burundi) commence la campagne électorale avec une force grandissante sous l’étonnement du président putschiste en exercice Pierre Buyoya, lui-même candidat pour tenter de décrocher une légitimité à travers les urnes.
Le peuple burundais ayant suffisamment souffert des régimes autoritaires autoproclamés ne pouvait en aucun cas céder aux intimidations du régime en place et se tromper du candidat. Avec 64.79% des voies exprimés aux suffrages universels directs, Melchior Ndadaye devient le 1er président démocratiquement élu au Burundi.
Cette lueur d’espoir ne va durer qu’un laps de temps. Trois mois plus tard, le président M. Ndadaye est assassiné avec une grande partie de ses proches collaborateurs lors d’un coup d’Etat militaire. Triste que tel soit le sort du Président Melchior Ndadaye, héros national de la démocratie. Cet assassinat est suivi d’une série de massacres sur presque toute l’étendue nationale qui va de nouveau endeuiller le pays avec des milliers de vies perdues.
Cette horreur ne suffira pas pour décourager un peuple déterminé à ce que l’histoire ne se répète plus. En mars 1994, le mouvement «Force pour la Défense de la Démocratie» (FDD-intagoheka) a vu le jour. Ce mouvement engagé à mener une lutte armée pour la paix et la démocratie s’est doté par la suite d’une branche politique CNDD (Conseil National pour la Défense de la Démocratie) d’où CNDD-FDD.
La période de 1995 à 2003 a été caractérisée par une lutte armée opposant les combattants du CNDD-FDD aux forces de l’armée nationale qui a laissé derrière elle des milliers de victimes.
Les accords de cessez-le-feu du 16 novembre 2003 suivis de l’intégration des forces du CNDD-FDD dans l’armée régulière puis par la transformation du mouvement CNDD-FDD en parti politique lors de l’assemblée générale du 07 au 08 août 2004 marquent un tournant significatif. Le retour au verdict des urnes.
Ainsi, le retour à l’ordre démocratique a été le résultat d’un sacrifice ultime des fils et filles de la nation. Ils ont sacrifié leurs vies pour rendre la dignité au peuple burundais et remettre le pays sur la voie du développement socio-économique. Chaque citoyen doit honorer leur mémoire en préservant les acquis de la démocratie et en s’attelant aux activités de développement économique afin de bâtir un pays prospère et démocratique.
Les idées exprimées dans cet article sont personnelles et n’engagent que l’auteur.