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Une nouvelle ère démocratique se profile à l’horizon : Comment anticiper une crise électorale au Burundi !

Le Burundi chemine vers les élections générales d’ici quelques mois. Un évènement historique et une nouvelle ère qui se profile à l’horizon. Dr HACIMANA Herménégilde, dans son article, revient sur les causes de ces conflits et propose des pistes pour anticiper une crise électorale.

Depuis l’acquisition de l’indépendance, le Burundi a de temps en temps connu des cycles de violences que tout citoyen garde dans sa mémoire. Les moments les plus sombres de notre histoire ont été surtout 1965, 1972, 1988,1993. Des régimes dictatoriaux caractérisés par une discrimination ethnique et régionale sans merci se sont toujours succédé au pouvoir dirigeant le pays d’une main de fer.

En 1993 les premières élections libres organisées dans le pays après 26 ans d’un régime militaire ont vu le triomphe de SE Melchior NDADAYE, devenu ainsi le premier président démocratiquement élu dans l’histoire du Burundi. Cet évènement marqua la fin de la domination des militaires à la tête de l’Etat. Durant sa présidence, il promet d’œuvrer pour la réconciliation nationale et de promouvoir les droits de l’homme dans le pays. Son mandat connaît cependant une fin brutale et prématurée en octobre de la même année : il est assassiné à l’occasion d’une tentative de coup d’État. C’est le départ d’une guerre civile qui causera la mort de plus de 500 000 personnes et dura plus d’une décennie : des citoyens patriotes épris de l’esprit démocratique décidèrent de prendre les armes pour sortir le pays du chaos et défendre la démocratie acquise. C’est ainsi que naquit le CNDD-FDD, devenu parti politique plus tard.

Avec l’accession du parti CNDD FDD au pouvoir en 2005 nous avons vu la concrétisation d’un espoir initié par la tenue des élections libres, de vivre une paix durable dans un pays de lait et du miel. Depuis, le parti CNDD FDD n’a pas ménagé ses efforts pour réconcilier une communauté burundaise, divisée par tant d’années de violence. Nous avons également constaté un certain nombre de changements qui ont complètement transformé la situation. Tout ce qui pouvait physiquement rappeler l’existence du conflit a disparu et le pays s’est mis sur le chemin du développement.

Au Burundi le conflit nait toujours d’une mésentente entre la classe politique en manque de maturité politique de leadership. Cependant cette crise sociopolitique ne permit pas aux partis politiques de s’épanouir politiquement. Beaucoup d’entre eux connaissaient des crises internes profondes de toutes sortes. C’est pour cette raison qu’à l’approche de chaque processus électoral, le pays est secoué par des crises sociopolitiques cycliques orchestrées chaque fois par des membres l’opposition radicale, qui prédisent des fraudes massives et des violences ethniques de toutes sortes. Cela s’est manifesté par le boycott des élections de 2010 et l’insurrection de 2015. Au sein des partis de l’opposition, il se remarque des sentiments de peur, de pessimisme et du découragement. La tension monte au fur et à mesure que les élections approchent ; il existe des grincements de dents, des frustrations, de la résignation. La peur du verdict des urnes des élections considérées comme perdues d’avance les pousse à espérer un dénouement par des arrangements politiques qui les porterait au pouvoir.

Après le referendum constitutionnel de 2018 approuvé à une forte majorité malgré l’appel au boycott de l’opposition radicale, le Burundi s’achemine vers les échéances électorales de mai 2020.

Uwuza Gukira Indwara Arayirata. Les erreurs du passé devraient servir de leçon pour ne pas y retomber. Les partis politiques de l’opposition devraient s’engager tous et se convaincre mutuellement à œuvrer dans le bon sens pour l’intérêt national : préparer leurs membres à toutes les alternatives, à savoir la victoire et la défaite ; respecter la loi et les principes démocratiques qui privilégient la tolérance, la compétition loyale et le respect du verdict populaire, animer les débats politiques pour élucider toutes questions politiques du moment.

La société civile devrait rester neutre et jouer le rôle de médiateur du peuple   devant le pouvoir public et surtout ne pas céder aux intimidations de certains politiciens aux intérêts inavoués.

Une attention particulière devrait être accordée aux médias, qui doivent user d’impartialité dans la régulation d’information et bien veiller à ce que la liberté d’expression et d’information ne nuit pas à la sécurité publique.

S’il y a un différend politique le gouvernement pourrait toujours initier un dialogue permanent avec les partis de l’opposition, mettre en place une feuille de route en vue de prévenir les crises à venir.  Le compromis politique est toujours la bonne solution aux problèmes politiques burundais.

L’initiative du président de la république pour moraliser la société est à saluer.  Cette culture du dialogue entre burundais sans l’intervention d’un étranger est à perpétuer.  Nous sommes les seuls garants de notre sécurité.

En résumé, le conflit burundais doit être résolu entre burundais eux-mêmes sans l’intervention de la communauté régionale ou internationale. Le Burundi a suffisamment souffert de la violence de ses propres fils. Aujourd’hui fort de certaines de ses expériences, il doit avancer en matière de démocratie. Certaines anti-valeurs doivent être bannies pour faire place plutôt aux valeurs fondatrices de la nation. Les conséquences économiques et politiques qui résultent des crises politiques burundaises devraient ramener tout burundais à la raison.
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